Animateurs/trices : Hans Dillaerts et Maher Slouma
Orientations scientifiques
L’axe « Information, Sciences, Savoirs, Pratiques » vise à développer des recherches sur les problématiques propres aux sciences de l’information. L’axe a donc pour vocation d’étudier un ensemble large de processus et pratiques, de production, de traitement, de diffusion, de recherche et d’usage de l’information.
Les périmètres retenus sont donc volontairement assez larges à la fois pour développer des regards croisés et favoriser les échanges et les collaborations entre les chercheur-e-s rattaché-e-s à l’axe et au sein du LERASS plus généralement :
- Les types d’information : information spécialisée, information professionnelle, information vulgarisée ;
- Les dispositifs de médiation : médiation scientifique, culturelle, professionnelle ;
- Les intermédiaires de l’information : éditeurs, bibliothécaires, professionnels de l’information-documentation, …
Quatre thématiques de recherche animent principalement cet axe. Il s’agit de thématiques convergentes en lien avec les transformations numériques actuelles. Ce sont donc ces dernières qui constituent le point de départ de nos réflexions en lien avec les problématiques propres aux sciences l’information.
Sur un plan plus épistémologique, le numérique est considéré comme un objet et un système complexe et de ce fait l’ensemble des questionnements mis en avant dans les thématiques mentionnées ci-dessous relèvent pleinement des Digital Studies.
Thématique 1 : Pratiques et usages en lien avec la science ouverte
Le champ de l’Information scientifique est un champ d’étude traditionnel des sciences de l’information dans lequel la dimension technologique a toujours un rôle très fort. Cette dimension est aujourd’hui plus que jamais omniprésente et questionne à travers les (nouveaux) dispositifs de communication scientifique et les politiques d’évaluation de recherche qui y sont associées. Deux questions majeures sont traitées dans cette thématique : tout d’abord, les pratiques des chercheurs en lien avec les données, les publications et les nouvelles formes de communication scientifique, puis, dans une approche plus socio-économique, les politiques de recherche en matière de Libre accès et science ouverte et leurs impacts.
Thématique 2 : Pratiques informationnelles et publics spécifiques
À travers de cette thématique, il s’agit de s’intéresser plus particulièrement aux processus et pratiques contemporaines de recherche d’information. Plusieurs grandes questions y sont privilégiées. On assiste à un changement profond des conditions matérielles de la recherche d’information. La question des impacts des infrastructures informatiques et informationnelles sur le processus de recherche d’information est en conséquence l’un des objets étudiés de façon centrale. Ce cadre d’analyse vise à nourrir les investigations sur des publics spécifiques. Les inégalités, sociales et de genre, soulèvent également des problèmes importants concernant les pratiques informationnelles et constituent le deuxième centre d’intérêt de cette thématique.
Thématique 3 : Circulation des savoirs et instances de médiation
La circulation des savoirs est un champ d’étude traditionnel en sciences de l’information et plus largement les sciences de l’information et de la communication. Les préoccupations liées à la diversité scientifique, mais aussi sociale, culturelle et de genre et les questionnements liés autour de la bibliodiversité constituent le point de départ des travaux menés dans cette thématique. Cette dernière s’intéresse aux processus de production, publication, organisation et diffusion des savoirs et de l’information spécialisée par les intermédiaires de l’information tout en questionnant les dispositifs de (re) médiation qui sont mis en place par ces derniers.
L’étude des processus et de formes de médiatisation de l’information spécialisée fait également partie intégrante des problématiques de cette thématique et l’objet livre y occupe une place particulière. Les systèmes de représentation des savoirs y sont également interrogés, en tant qu’outils et langages.
Thématique 4 : Education critique à l’information
Les recherches sur l’éducation à l’information sont partie intégrante des sciences de l’information. La thématique est en cohérence avec les autres thématiques de l’axe. Il s’agit d’alimenter les réflexions sur le renouvellement en cours des principes et concepts de l’éducation à l’information, en partant des implications des investigations conduites dans les autres thématiques. L’approche critique (au sens de critique sociale ; distincte de l’approche rationnelle) est l’approche de référence. Elle permet d’apporter les éclairages théoriques, propres aux S.I.C, sur les contenus de l’éducation à l’information. De la sorte, les approfondissements faits au sein de la thématique sont aptes à répondre aux demandes sociales et institutionnelles fortes. Concernant plus précisément le contexte universitaire, la thématique a pour visée d’interroger les services des entreprises qui se donnent comme partenaires des enseignants pour développer les capacités informationnelles des étudiant·e·s et élèves (par exemple, l’analyse critique de logiciels dits « anti-plagiat »).
Programme scientifique de l’année 2020-2021
Les questionnements et problématiques autour des données (épistémologiques, méthodologiques, logiques d’appropriation, éthiques, etc.) constituent le point d’entrée privilégié pour les séminaires de recherche de cette année universitaire.
Les modalités d’organisation des séminaires ont été déterminées comme suit :
- Des séminaires mensuels ;
- Chaque séminaire approfondit un questionnement particulier en lien avec les données ;
- En lien avec le dernier point, chaque questionnement est abordé et discuté par un-e collègue chercheur-e extérieur-e à l’axe et le LERASS qui assure une conférence sur le sujet.
Vendredi 2 octobre : 14-17h
Intervention de Mme Julia Bonaccorsi Professeure en SIC à l’université Lumière Lyon 2 – Institut de la Communication et directrice adjointe du laboratoire ELICO
Titre de l’intervention : « La gravité de la donnée »
Résumé : Le mot « donnée » traverse et (pré)occupe aujourd’hui l’immense majorité des champs d’expertise et de savoir puisqu’il semblerait que le « monde devient numérique » (G.Berry, 2008). Cette naturalisation terminologique conduit à des confusions théoriques et empiriques qui ont déjà été bien décrites à partir d’enquêtes portant par exemple sur la fabrique même des données. Les SIC, particulièrement interpellées par les processus info-communicationnels en jeu dans la médiatisation numérique et par leurs effets socio-politiques, se sont dotées de prises méthodologiques et empiriques pour appréhender « la donnée » dans tous ses états. D’un point de vue théorique, les relations entre donnée et signification (sanction) sont envisagées non pas comme une coupure mais un continuum complexe idéologique, technique, politique. La réflexion proposée dans cette communication portera plus spécifiquement sur les relations critiques entre données et réels de référence, relations établies dans/par les projets de connaissance. À partir de cas de recherches relevant des « données urbaines », il s’agira de discerner et discuter les enjeux de savoir dévolus à la donnée, et de prêter attention à sa « gravité » conceptuelle, en termes de centralité, de force d’attraction et de conséquences sur les objets de recherche communicationnels.
Vendredi 6 novembre : 14-17h
Intervenions de M. Gérald Kembellec MCF sciences de l’information et de la communication et membre du laboratoire DICEN-Idf et M. Claudio Gnoli, co-directeur de l’ISKO Encyclopedia of Knowledge Organization et auteur d’articles et livres dans le domaine de l’organisation des connaissances.
Gérald Kembellec
Titre de l’intervention : « Les enjeux du semantic publishing, d’hier à aujourd’hui, pour la communauté d’acteurs de la science et de la culture. »
Résumé : « La culture et la science ont depuis le moyen âge trouvé des formes d’inscriptions et des modes d’interaction propres qui trouvent leur pendant dans la production actuelle de documents nativement numériques et ligne et en réseau. Dans cette présentation, nous analyserons en diachronie ce qui se transpose, ce qui évolue et ce qui change dans les modes de l’information et de communication culturelle et scientifique. Cela nous amènera à questionner les nouveaux formats de l’écriture, de l’édition et de la diffusion dans un réseau d’acteurs aux intérêts souvent convergents au prisme de l’information et de la communication. »
Claudio Gnoli
Titre de l’intervention : « Qu’est-ce que la connaissance ? »
Résumé : « La pyramide DIKW est un modèle connu des relations entre les données, l’information, la connaissance et la sagesse. Les données brutes y sont considérées comme strate de base sur laquelle reposent successivement les autres strates. Des auteurs tels que Frické et Ridi critiquent ce modèle ; Bawden propose une strate supplémentaire, la compréhension (après la connaissance) ; et les auteurs de langues romanes utilisent également le terme « savoir », quasi-synonyme. Bien que tous ces concepts soient clairement liés, il n’existe pas de définitions consensuelles les concernant. Par exemple, Hjørland affirme que l’organisation de l’information est synonyme d’organisation de la connaissance. Je propose d’utiliser la notion d’information pour les ressources les plus simples, factuelles et je suggère de réserver le terme de connaissance pour le réseau complexe de toutes les informations disponibles accumulées. J’en donne des exemples dans mon nouveau livre « Introduction to knowledge organization » (Facet, Londres 2020).
Vendredi 4 décembre
Intervention de Sarah Labelle, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris 13 et membre du LabSIC. Ses travaux de recherche portent, d’une part, sur les politiques publiques de « la société de l’information » à « l’ouverture des données », et d’autre part, sur les transformations médiatiques dans les domaines culturel, pédagogique et politique.
http://labsic.univ-paris13.fr/membre/labelle-sarah/
Titre de l’intervention : « Les médiations dispositives des politiques de données : ruses, merveilles et infrastructures »
Résumé : L’intervention proposera une réflexion sur les médiations dispositives qui sont créées dans le cadre des politiques de données en France. Sarah Labelle a mené pendant plusieurs années une enquête auprès d’associations de promotion de « l’ouverture des données » et auprès de l’administration Étalab, service du premier ministre en charge de cette politique. L’enquête a mis en évidence que les politiques de données formalisent leur action dans le développement de moyens et de services : elles s’engagent dans la conception d’une panoplie de dispositifs hétérogènes qui mobilisent un agir ingénieur, c’est-à-dire des logiques d’action dans lesquelles sont intriqués le politique et l’instrumental. En effet, l’enquête a souligné que si les dispositifs des politiques de données manifestent l’existence de ces politiques, ils ne marquent pas leur accomplissement, mais leur procès permanent. L’exposé présentera comment ces médiations dispositives reposent sur (1) des modes de détournement par la ruse, (2) la création de formes reconnaissables, que sont les merveilles, (3) les processus de médiatisation et de remédiation dans les infrastructures de données.
Vendredi 5 mars 2021
Intervention d’Eva Sandri, Maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Paul Valéry Montpellier 3 (équipes de recherche LERASS et GRIPIC).
Titre de l’intervention : Imaginaires et pratiques autour des données patrimoniales